Je voudrais bien qu’on s’attarde un instant sur ce grand mystère moderne, ce truc qui semble s’user avec le temps : le couple. Une institution qui, d’après l’histoire, s’est imposée à travers la majorité des cultures. Mais dès qu’on gratte un peu la surface, c’est la panique à bord pour pas mal de gens !
Parce qu’on va se le dire, chacun a son idée bien arrêtée sur le sujet, avec les sourcils tout aussi bien alignés pour y penser sérieusement. Et pourtant, on partage tous un point commun… personne n’est d’accord sur ce qu’est vraiment un couple ! Avouez que c’est rudement pratique quand on cherche à se mettre ensemble, non ?

Aujourd’hui, le couple, parfois, c’est presque ça :
« Ah non, moi je veux quelque chose de simple, tu vois… Que tu sois mon époux(se), ma meilleure amie, ma confidente, mon partenaire financier, mon amant(e), le tout, à vie, évidemment ! C’est pas compliqué, hein ? Allez, signe juste ici… »
Facile, non ?!
D’après la brillante Esther Perel, psychothérapeute et sexologue, un couple se définit par tout ce qui n’en fait pas partie. En gros, par tous les autres partenaires potentiels que tu choisis de ne pas avoir. Donc si tu es seul sur une île déserte avec une autre personne, vous ne pourriez même pas être un couple. Pas d’autre choix, pas de couple ! Merci Esther pour cette révélation…
Mais bon, on va dire que dans le monde réel, on est rarement seuls sur une île déserte. Et voilà où ça devient intéressant : l’humain est une créature en constante évolution. Et, sauf erreur de ma part, ton/ta partenaire est aussi un humain (du moins, je l’espère !). Et pour qu’un cerveau humain évolue, il a besoin d’une petite chose essentielle : la sécurité.
Dans le couple, cette fameuse sécurité vient avec l’intimité, ce lien que vous construisez au fil du temps. C’est elle qui permet à notre cerveau de se dire : « Tiens, et si je remettais en question qui je suis, ce que je crois, et même la vision que j’ai de cette relation ? » En gros, c’est grâce à cette sécurité que tu passes de la version 1.0 de toi-même à la version 2.0, et ainsi de suite.
Mais allons plus loin…
Quand on y réfléchit, cette évolution continue fait de nous des êtres en perpétuel mouvement. Et si l’amour, lui aussi, était une danse ? Une danse où chacun des deux partenaires doit sans cesse ajuster ses pas en fonction du rythme de l’autre, de la musique intérieure de chacun. Ce n’est jamais figé, c’est fluide. Parfois synchronisé, parfois chaotique. Et c’est précisément là que réside la beauté du couple : dans cette danse d’ajustements constants.
Mais ce mouvement ne veut pas dire que tout doit être instable ou incertain. Au contraire. C’est justement parce que l’amour évolue qu’il peut durer. Imagine si on s’attendait à ce que notre relation reste exactement la même du premier jour jusqu’au dernier… Quelle pression ! Quelle illusion ! La vie elle-même change constamment. Pourquoi vouloir figer quelque chose d’aussi vivant qu’une relation amoureuse ?
Et pourtant, on se retrouve souvent piégés dans cette quête de stabilité absolue, à vouloir tout contrôler, tout planifier. Mais si l’amour, c’était justement accepter de ne pas tout savoir à l’avance ? De ne pas avoir toutes les réponses, mais de s’engager à les chercher ensemble ? C’est peut-être ça, la vraie stabilité : non pas dans la certitude de ce que l’autre deviendra, mais dans la confiance que peu importe où cette évolution nous mènera, on fera le chemin ensemble.
La peur de l’évolution, et le couple comme espace de croissance
Cette peur de l’évolution est compréhensible. Elle vient souvent de la peur de perdre l’autre, ou même de se perdre soi. Mais paradoxalement, c’est cette même peur qui peut nous pousser à nous replier sur des versions de nous-mêmes qui ne nous correspondent plus, juste pour maintenir l’illusion de sécurité. À long terme, ça étouffe la relation.
Alors, pourquoi ne pas imaginer le couple comme un espace de co-évolution ? Un espace où chacun a la liberté d’explorer ses propres transformations, tout en étant soutenu par l’autre. Un espace où les identités peuvent être remises en question, sans que cela signifie forcément la fin de la relation. Au contraire, cela pourrait marquer un nouveau début.
C’est là que réside peut-être l’essence d’un couple qui dure. Dans cette capacité à redéfinir les règles au fur et à mesure que les deux personnes évoluent. À se poser des questions régulièrement : Quelles sont les nouvelles valeurs que nous partageons ? Qu’est-ce qui nous lie encore, aujourd’hui, qui n’était peut-être pas là au début ? Et qu’est-ce qui, en revanche, ne nous lie plus ?
Devenir plusieurs versions de nous-mêmes, ensemble
Et si, au lieu de craindre que nos différences nous éloignent, on apprenait à célébrer chaque version de l’autre, à chaque étape ? Il ne s’agit pas de se perdre dans l’autre, ni de vouloir le/la changer pour qu’il/elle corresponde à nos attentes. Il s’agit de s’engager à aimer non seulement la personne qu’on a rencontrée, mais aussi toutes les personnes qu’elle deviendra au fil des années.
L’amour n’est pas figé. Il est organique. Il respire, il grandit, il change. Et c’est en acceptant cette vérité qu’on peut vraiment s’engager à long terme. Non pas avec l’espoir que tout reste pareil, mais avec la promesse de marcher côte à côte à travers toutes les métamorphoses que la vie nous impose.
Donc, au lieu de rêver à d’autres partenaires pour chaque nouvelle phase de ta vie, pourquoi ne pas essayer d’explorer plusieurs couples avec la même personne ? Et si l’amour durable, c’était justement de s’autoriser à être toutes les versions de nous-mêmes ensemble ?
Finalement, être en couple, c’est peut-être simplement accepter que l’on ne cessera jamais de redécouvrir l’autre, et soi-même, encore et encore.
Avec amour et gratitude,
Sébastien P.